Initiative Citoyens en Europe

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Aujourd'hui l'écologie, demain les immigrés

Véronique Nahoum-Grappe

Mai 2019

L'Angleterre a décidé officiellement cette semaine un « Etat d'Urgence Climatique » , ce qui implique une volonté de mobilisation nationale. Pourquoi l'Europe ne déciderait-elle pas un tel état d'urgence ? Le niveau européen, à défaut du niveau mondial, est beaucoup plus pertinent pour l'action écologique : pourquoi l'ONU ne déciderait-elle pas un tel Etat d'Urgence Internationale, comme on fait parfois pour les pandémies, ou pour par exemple la couche d'ozone etc. Je pense que l'action écologique a cette spécificité de concerner le local et la planète en même temps : ce qui contredit de fait les nationalismes épris de frontières . En cas de succès politique important des partis écologiques européens, la suite logique de cette forme de pensée collective de grande amplitude et tres précise à la fois est un autre rapport au réel « plausible » : la prise en compte consensuelle des données des sciences et techniques sérieuses expérimentales constitue un socle, comme dans le marxisme scientifique du dernier Marx: c'est pas facile et ça évolue, mais des faits établis, comme la toxicité de la fibre d'amiante, ou la non toxicité des OGM , ou le réchauffement climatique devront être respectés par le politique : la dénonciation du révisionnisme scientifique en tant qu'infraction assez grave pour empêcher l'accès à la représentation politique (mais sans judiciarisation excessive, je suis pour la non violence absolue) : les scepto-climatiques, les fanatiques anti vaccins, les créationnistes religieux etc pourraient être interdit de se présenter aux élections .. et l'état international et consensuel des acquis scientifiques , qui alertent sur le climat et l'extinction de nombreuses espèces par exemple ne pourrait être dénié par les responsables politiques qui tiennent l'exécutif. Cela suppose aussi une analyse du fonctionnement des états nationaux : l'état profond français (armée, finance, services secrets) par exemple, qui protège les intérêts nationaux tels qu'ils les définissent dans leur système culturel nationaliste particulier : sauver le franc africain au mépris de la prédation dramatique qu'il entraîne pour les pays concernés, aider à tout prix les régimes alliés même génocidaires comme les Hutus rwandais en 94, vendre cette année à l'Arabie Saoudite des armes utilisées dans l'ignoble guerre du Yemen, sauvegarder le nucléaire militaire français malgré son inutilité absolue, etc. Les « états profonds » ne sont pas du coté de l'écologie.ni des droits humains, et quand un nouveau président est élu, il vient l'envelopper et le faire changer de cap.

L'écologie est donc d'emblée politique puisqu'elle suppose une égalité de tous en face du danger : pas de pré carré des puissants ultra riches en cas de catastrophe nucléaire ou de montée tragique des eaux . Elle est aussi d'emblée économique puisqu'elle contredit le mythe d'une croissance sans fin et qu'elle dénonce les dégâts et abus des grandes structures rétrograde comme les industries d'armement, du nucléaire militaire et civil, de l'agro-industriel chimique, de l'exploitation des matières premières et des travailleurs de tous âges et sexes, exploitation éhontée et asservissantes surtout dans les continents non européens. . L'écologie est féministe au sens d'Amartya Sen, c'est à dire que les pratiques dites féminines dans les sociétés traditionnelles deviennent à la fois nobles et intéressantes dans la culture de la protection de l'environnement.

L'écologie implique la démocratie dans la diffusion des informations et des prises de décisions dont les enjeux sont vitaux : plus question qu'un nuage suive une frontière. Enfin quels que soient les acteurs, les têtes de liste, les groupes de tarés fanatiques qui peuvent surfer sur l'idée de nature et recréer du religieux à partir d'interdits et d'oukases complètement cons, le niveau de sérieux de la question écologique (force 7 sur l'échelle du grave) balaye tout cela : un monde sans abeilles ni oiseaux , sans assez d'oxygène ni d'eau potable, comme dans les manga de sciences fiction, c'est tout simplement NIET.

De plus, les idéologies d'extrême droite utilisent avec succès la figure du migrant dans leurs propagande, pour gagner des élections dans les institutions européennes qu'ils commencent d'envahir, avec le but de les détruire, grâce aussi aux non votes des centre et gauches éparpillées : le non vote des démocrates de tous horizons est un cadeau formidable aux extrêmes droites européennes . La question du migrant, qui lui ne vote pas, est donc au centre des clivages politiques dans le débat européen , mais un centre vide, inoccupé , loin des véritables enjeux économiques , démographiques et humains : la gauche a peur d'un sujet trop clivant, et la droite n'hésite pas à mettre en batterie mensonges (migrant=terroriste et/ou violeur) et fantasmes, comme ce thème du " grand remplacement", où l'envahissement par la sexualité prolifique des races inférieures éliminerait les "blancs" de leur propre terre native, thème que l'on voit ressurgir régulièrement dans les propagandes de haines racistes .

Véronique Nahoum-Grappe
Vice-présidente de l’association ICE